L'abaissement du Vieux-Rhin, une opération aux multiples enjeux
Début février, la maintenance du barrage agricole de Kehl-Strasbourg a contraint l’abaissement de 2 mètres du niveau d’eau du Vieux-Rhin. Les équipes des réserves naturelles de Strasbourg étaient mobilisées tout au long de cette opération pour préserver les milieux humides de l’Ile du Rohrschollen.
« Voilà un plan qui s’est déroulé sans accroc. » David Eschbach vient constater, ce 9 février, l’effet de l’abaissement du Vieux Rhin sur la réserve naturelle. « Tout s’est bien passé, on a réussi à éviter que l’ensemble se vide », observe le chef de projet fonctionnalité alluviale. Le niveau du Vieux Rhin, la partie non canalisée du fleuve qui borde la réserve, a été abaissé progressivement, du 1er au 9 février, pour permettre aux services allemands d’entretenir le barrage agricole de Kehl-Strasbourg.
Le risque majeur lors de cette opération a été l’assèchement du Bauerngrundwasser : le cours d’eau qui traverse l’île. En anticipant l’opération et en mettant en place les moyens nécessaires, les agents sont parvenus à maintenir un niveau d’eau stable dans la rivière et ainsi à protéger la population piscicole de la réserve.
L’exercice a donné lieu à une coopération inédite entre la France et l’Allemagne. Cette étroite collaboration a notamment permis le sauvetage des moules d’eau douce qui se sont trouvées hors de l’eau. Des membres d’un bureau d’études allemand ont formé les équipes françaises à la reconnaissance de trois espèces de moules menacées par l’abaissement du Rhin.
Pendant une semaine des agentes et agents se sont mobilisés pour remettre à l’eau ces mollusques dont la présence est indispensable dans nos rivières. « Les moules filtrent plusieurs litres d’eau par jour et retiennent les polluants, explique le biologiste allemand Michael Pfeiffer. Elles sont menacées par la dégradation des milieux mais leur présence est essentielle. »
La DRAC, la DDT et le service géomatique ont profité de cette situation particulière pour réaliser des vols en drone : des relevés de LIDAR ainsi que des photos aériennes pour réaliser des vidéos 3D des berges.
Un niveau d’eau bas permet de faire des observations exceptionnelles !
Les champs d’épis datant de la correction du Rhin – réalisée par l’ingénieur Tulla entre 1840 et 1460 – émergent et nous laissent découvrir les briques de grès utilisées pour leur construction.
Plusieurs indices de présence de la faune sauvage sont aussi à apprécier : nids de poissons, empreintes d’animaux qui profitent de ces grandes plages éphémères…